Médias sociaux : les nouvelles règles du journalisme
Par Philippe Gerard le 7 avril 2010
Reuters vient d’annoncer la couleur. La publication de son « social media guidelines« , à l’attention des rédacteurs de l’agence, servira tout aussi bien, les acteurs de la communication et du marketing, en entreprise. Une mise en garde, sévère, rappelant le danger des sources informelles. A l’heure où les médias sociaux suggèrent parfois, les plus improbables rumeurs.
Comment utiliser les réseaux sociaux lorsqu’on est journaliste ?
Utiliser les réseaux sociaux lorsqu’on est journaliste… « La question se pose avec encore plus d’acuité lorsqu’on travaille pour un média dont la raison d’être est le (quasi) temps réel. » C’est le problème (?) justement posée sur le site arrêt sur images, invoquant le nouvel handbook of journalism, de l’agence de presse Reuters. En ligne de mire, bien sûr, les blogs, twitter et facebook…
Des précautions d’emploi qui s’avèrent d’autant plus à l’ordre du jour que la rumeur, sur le couple présidentiel français, connaît de multiples rebondissements. Un article du Monde rappelle justement, comment le billet d’un jeune employé du Jdd.fr, engagé pour développer l’audience du site (pour cela, il n’aura pas failli à sa mission 🙂 a mis le feu aux poudres, sur le web.
Les nouvelles règles du journalisme
Une agence de Presse, Reuters, aura donc eu la bonne idée de se prémunir contre ce genre de dérive. Avec un « social media guidelines« . A l’attention de ses rédacteurs. Alice Antheaume en propose une traduction des points essentiels, sur le blog labo medias de l’école de journalisme de Science Po. Les nouvelles règles de journalisme, adaptées aux médias sociaux, selon Reuters. Quelques extraits, en très, résumé :
Réfléchir avant de poster
Résister à la tentation de la colère… pour garder sa distance critique.
Ne pas montrer ses préférences
Eviter d’afficher ses opinions politiques, conserver sa neutralité journalistique, en adhérant par exemple, à des groupes d’opinion opposés.
Etre transparent
Ne pas se faire passer pour quelqu’un d’autre lors de discussions et d’échanges en ligne.
Deux comptes, un pro et un perso
Mais… indiquer quand même, sur son compte perso, que l’on travaille pour Reuters.
Ne pas publier de «breaking news» sur Twitter
Interdiction de publier un scoop sur son fil perso, hors du fil Reurters (officiel). Et surtout ne pas omettre de rappeler, si c’est le cas, que l’info a été repérée sur twitter…
Demander la permission à son chef avant d’avoir un compte sur les médias sociaux
Raison principale : pour que les contenus, diffusés ou partagés, n’entrent pas en contradiction avec les objectifs commerciaux de l’entreprise.
Demander la permission à son chef, de créer un compte personnel sur Facebook ? Voilà une « recommandation » singulière. Ou plutôt, un commandement cinglant. Rappelant, que l’identité personnelle et numérique, n’est guère dissociable de l’identité professionnelle… De quoi débattre ! Mais peut-être, une façon — radicale — d’éviter les problèmes ?
Voir le chapitre sur les médias sociaux dans le guide complet de journalisme de l’agence Reuters.
Pensez-vous que ces règles soient aussi valables pour les « blogueurs » d’entreprise ? Et après tout, pourquoi pas, applicables, aussi, à chaque employé, d’une entreprise ?
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Maud Il y a 14 années
Je trouve que ces règles peuvent s’appliquer effectivement à tous les employés. Par contre, demander l’autorisation à son chef pour échanger sur le net, je trouve que c’est un peu une atteinte à la liberté d’expression personnelle. Si on respecte les 2 premières règles de réfléchir avant de poster et de ne pas afficher ses préférences politiques (et dans le cas d’une entreprise : ne pas tenir des propos qui puissent aller en contradiction avec la stratégie de l’entreprise), je trouve que c’est la force des médias sociaux de pouvoir donner la parole à tout le monde.
phil gerard Il y a 14 années
merci Maud pour ce commentaire. Des règles de prudence, valables en effet, pour tout un chacun!
Je rejoins encore votre point de vue, sur la question de « demander une autorisation à son chef », pour créer un profil — personnel — sur les réseaux sociaux… Une atteinte évidente aux libertés individuelles. Ni la première ; ni la dernière : The age of privacy is over !
http://www.communication-web.net/2010/02/generation-facebook.html#more
Ajaxiome Il y a 14 années
Bonjour,
il faudrait aussi pouvoir vérifier ses sources quand on fait du retweet par exemple.
Le problème majeur sur ces média sociaux c’est bien le règne de l’instantanéité et de la « sureté » de l’information.
On tweete, on retweete parce qu’il faut être présent; dés qu’une info est relayée c’est l’effet amplificateur et dés lors on n’a plus de prise sur cette info.
phil Il y a 14 années
Le problème, c’est en effet la domination du « temps réel ». Quitte à propager les absurdités les plus crasses. On se souvient de cette affaire du RER (une mythomane, finalement) qui défraya la chronique. Une affabulation dont les médias les plus sûrs, se firent pourtant le relais.
Réfléchir avant de poster… C’est l’évidence. Et mieux : s’informer, avant de retweeter 😉
Mathilde Il y a 13 années
Merci pour cet article extrêmement interessant: ces préconisations sont applicables à d’autres champs que celui du journalisme…