Pris dans la Toile

Philippe GerardManager Offre et Expertise Webmarketing et communication digitale

L'affaire Hortefeux n'en finit pas de rebondir sur le terrain politique (qui n'est pas le mien, rassurez-vous ;-). La courte vidéo, que maintenant tout le monde connaît, fut d'abord diffusée sur Internet. Puis reprise au 20 heures. Processus médiatique, désormais, courant. Le web a la primeur de l'information. Les médias traditionnels relaient. Et commentent.

Off the record

Le ministre n'est pas le premier à faire la Une du web, pour des propos tenus et filmés, à son insu. On se souvient d'un célèbre "casse-toi pauv'con" lors d'un précédent Salon de l'Agriculture. Et d'autres stars de la politique, du sport ou du show-biz, confrontées à des situations ou des contenus compromettants.

Le web est devenue le média du "Off the Record". De l'image incontrôlée. Et donc de la réputation. Repoussant au-delà de toute imagination les frontières, devenues très incertaines entre officiel et officieux, antenne et hors-antenne, vie privée et vie publique...

Manaudou, Sarkozy, Duhamel, Chabal...

En 2007, en remontant le fil de l'affaire Manaudou, Grégory Magne et Stéphane Viard réalisaient un documentaire édifiant sur ce pouvoir d'influence qu'exerce désormais le web et les risques qui l'accompagnent; pour ceux dont les paroles, les actes, les images qu'ils croyaient intimes et secrètes, s'affichent désormais au grand jour. Nourri d'interviews des protagonistes eux-mêmes, le film "Pris sur la Toile" illustre ces propos, à peine cachés, dont subsiste, sur la Toile, une immémorable certitude :

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Rôle de la Presse

Que le web -- et des services comme Youtube ou Twitter -- soient devenus des sources primordiales d'information, pour les médias officiels, c'est l'évidence. La grande différence, avec la puissance, déclinante, du "quatrième pouvoir" (celui de la Presse, survivante d'une époque où elle était encore, la seule et première, informée : par les dépêches d'agence et les communiqués dont elle avait le privilège) c'est qu'aujourd'hui, le commun des mortels apprend, aussitôt, et aussi vite, les événements anecdotiques ou décisifs, qui secouent la Planète. Exactement en même temps... que les rédactions des journaux.

Un temps a passé : celui du journalisme n'est peut-être plus d'informer. Ni même... de commenter. Puisque chaque lecteur reçoit sur son netvibes ou son igoogle, via les flux RSS, l'équivalent des "dépêches" que crachaient autrefois les "téléscripteurs" dans les salles de rédaction; trouvant, sélectionnant lui-même, ses sources, directes et jugées. Et triant parmi les opinions... celles de qualité, aux auteurs, choisis et préférés.

Démocratisation de l'information

L'aristocratie de la Presse, qui détenait la primauté de l'information... et l'autorité de l'opinion, est mise à mal. Face à la démocratisation de l'information sur le web, quel pouvoir reste t-il à cet ancien Régime de Presse ? Peut-être un seul. Celui... d'enquêter. D'avoir, le temps, les moyens, les réseaux pour enquêter. Ce qu'aucun particulier n'a la capacité de faire. A moins que... n'apparaisse, bientôt, un nouveau journalisme d'investigation, collectif, basé sur la puissance de masse, des réseaux sociaux ?

Ecrit par

Philippe Gerard

Manager chez Cegos, Philippe Gerard pilote les formations au Digital et mène des projets de transformation digitale.Il a également co-écrit "La boîte à outils de la Communication" aux éditions Dunod.
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