Quel est le profil du chief digital officer ?

Philippe GerardManager Offre et Expertise Webmarketing et communication digitale

La fonction du Chief Digital Officer (CDO) est encore méconnue des entreprises françaises. Une mission de « transformation digitale » qui s’ancre dans la stratégie de l’entreprise et la conduite du changement. Seules 15% des entreprises de taille intermédiaires (ETI) ont embauché un chief digital officer. Un profil qui reste rare.

Quel est le profil du chief digital officer ?

Chief digital officer : quel est le profil recherché par les entreprises ?

Certes, l’intitulé de fonction chief digital officer est devenu fréquent sur les sites de recrutements et les réseaux professionnels. Comme les fonctions proches de « directeur du numérique » ou « responsable digital ». Pourtant, d’après Joblift (méta-moteur de recherche d’emploi), les annonces de recrutement sur le réseau professionnel Linkedin sont peu nombreuses (une quinzaine en 2016). Signe que le chief digital officer est principalement recruté en interne, ou chassé.

Le CDO est avant tout un transformateur et un stratège dans la conduite du changement. Ce sont de très hauts profils principalement recherchés par cabinets de recrutement. Les profils demandés en France ressemblent au mouton à cinq pattes, avec un portefeuille de compétences très large. Les annonces donnent une idée du profil recherché :

  • Une vision stratégique : le chief digital officer fait le lien entre chaque membre du comité exécutif. Il les accompagne dans la transformation digitale de l’organisation, aussi bien en interne qu’en externe.
  • Une maîtrise parfaite de l’anglais :  la moitié des annonces réclame cette langue avant le français. 25% des annonces sont d’ailleurs rédigées en anglais, destinées à des candidats autour du monde.
  • Une intégration au comité exécutif : le CDO devient un allié du DRH dans la conduite de changement et son rôle est clé au sein du comité exécutif.
  • Le CDO doit être un véritable leader charismatique avec le talent de convaincre et d’influencer.
  • Il doit cumuler les années d’expérience (25% demandent plus de quinze ans).
  • Par ailleurs, la mission de CDO, à la différence du manager du changement plus « classique », s’étend dans le temps puisque la totalité des offres sont des CDI.
  • La transformation digitale semble par ailleurs être une question de leadership plutôt que de secteur, puisqu’aucun secteur n’est plus ou moins touché qu’un autre.

Chief digital officer ou « chief transformation officer » ?

Le rôle du CDO ne se limite pas à cerner, ou à anticiper, les conséquences du digital sur l’activité et l’organisation de l’entreprise. Il vise au-delà, à porter le changement et à devenir le leader. La Banque publique d’investissement en partenariat avec le cabinet de chasse de têtes Russell Reynolds Associates vient à ce sujet d’éditer un livret de 23 pages consacré à la fonction émergente de chief transformation officer.

Le document intitulé « Transformers » rappelle que le "chieftransformation officerdoit être une force d’entraînement, avoir duleadership."

Un retard digital à rattraper pour les entreprises de taille intermédiaires (ETI)

Si les entreprises du CAC 40 ont pratiquement toutes un chief digital officer dans leur équipe de direction, seules 15% des entreprises de taille intermédiaires (ETI) en ont un (d’après une étude Apax et EY parue en janvier 2017 ). Une différence qui peut se comprendre par une composition réduite des équipes de direction dans ces entreprises intermédiaires (entre 250 et 4999 salariés). Pour elles, la mission de la « transformation numérique » relève souvent des prérogatives d’un des membres du Comité de direction existant (DG, DSI ou Marketing), sans qu’un poste de CDO ne soit spécifiquement créé.

Cette absence de mission définie explique sans doute le retard digital des ETI… Mais pas seulement. Pierre Jouanne, Associé EY, indique à ce propos : « Les résultats de notre étude montrent que les ETI françaises accumulent un retard important dans leur transformation numérique, que l’on peut estimer à plus de deux ans par rapport au CAC 40. Elles commencent seulement à prendre conscience de l’importance du digital, mais toutes les leçons n’ont pas encore été tirées, notamment en ce qui concerne la formation. »

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Ecrit par

Philippe Gerard

Manager chez Cegos, Philippe Gerard pilote les formations au Digital et mène des projets de transformation digitale.Il a également co-écrit "La boîte à outils de la Communication" aux éditions Dunod.
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