WT.Social : le réseau social de Wikipedia sauvera t-il la démocratie ?

Philippe GerardManager Offre et Expertise Webmarketing et communication digitale

Le fondateur de Wikipedia, Jimmy Wales, vient de lancer un nouveau réseau social alternatif à Facebook et Twitter : WT.Social. Son fonctionnement repose sur les principes qui ont fait le succès de l’encyclopédie en ligne : la modération par les utilisateurs. Un moyen de donner accès à une information libre, sûre et vérifiée. L’objectif de WT.Social ? Préserver la démocratie.

Wt.Social

Jimmy Wales annonce la couleur : « Mes ambitions pour ce projet sont énormes, et vous êtes là dès le début. Si nous arrivons à 20 millions ou 200 millions d'utilisateurs, nous pouvons commencer à améliorer matériellement la circulation de l'information dans le monde, et nous pouvons sérieusement nuire aux géants des médias sociaux qui ont fait tant de choses pour détruire la démocratie. »

WT.Social : un réseau social participatif ?

Le message adressé aux premiers inscrits de WT.Social est que ce réseau social est libre et collaboratif. Plus de 200 000 personnes s’y sont ralliées en quelques jours. La plateforme est passée à 340 000 utilisateurs début décembre 2019. À ce rythme, WT.Social pourrait rapidement devenir une alternative de poids face à Facebook et Twitter. L’inscription est gratuite. Cependant, pour l'instant, il y a une liste d’attente, à moins de soutenir financièrement l’initiative par un don de 12 euros mensuels. Dans une interview donnée aux Echos, Jimmy Wales espère entre 50 millions et 500 millions d'utilisateurs, dont « un sur 200 sera prêt à payer pour financer le projet », estime-t-il.

Les utilisateurs de Facebook et Twitter suivront-ils WT.Social ? Rien n’est moins sûr. D’autant que l’interface est pour le moins rustique. Mais ce n’est qu’un début. Le réseau lance d’ailleurs un appel aux futurs administrateurs et développeurs pour faire face à une croissance vertigineuse. En tous cas, le transfert depuis Facebook ou Twitter sera facile promet Jimmy Wales : « J'espère que vous m'aiderez ! WT.Social dispose d'un mécanisme d'invitation spécial, où vous pouvez migrer vos cercles sociaux existants vers notre plateforme avec un seul lien. Si un seul de vos amis accepte une invitation, vous aurez un accès instantané au site. »


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Une modération par les utilisateurs

Pour redonner aux internautes le pouvoir de s’informer, WT.Social s’inspire donc du modèle Wikipédia. Les utilisateurs du service publient les contenus et les modèrent eux-mêmes. Comme pour l’encyclopédie en ligne, le système fonctionne grâce aux donations et aux libres contributions de ses membres. A l’instar de nombreux pionniers du web, Tim Berners-Lee notamment, Jimmy Wales déplore les dérives mercantiles et potentiellement liberticides auxquelles exposent les réseaux sociaux commerciaux. Le fondateur du réseau déclarait récemment au Financial Times : « le modèle d'affaires des entreprises de médias sociaux, faite de publicité pure et simple, est problématique. Il s'avère que le grand gagnant est le contenu de mauvaise qualité. »


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Facebook, Twitter : des informations filtrées par des algorithmes

Facebook et Twitter utilisent des algorithmes pour sélectionner les messages qui apparaissent dans votre fil d’actualité, privilégiant les posts plus « populaires » ou les mieux sponsorisés. WT.Social affichera les messages les plus récents en premier. Mais surtout, la modération collaborative permettra de valider l’authenticité des contenus publiés. Le tout, sans publicité.

Les fake news et deepfakes, désinformations et les rumeurs complotistes les plus loufoques, circulent sur les réseaux sociaux. Jusqu’à concurrencer la pensée rationnelle et scientifique, les « terreplatistes » tiennent même un congrès au Brésil.

Tout aussi grave, les actions de propagande et de déstabilisation politique se multiplient, jusqu’à saper les fondements de la démocratie. On se souvient du scandale Facebook-Cambridge Analytica, la société avait recueilli les données personnelles de millions de profils Facebook, sans leur consentement, et les avait utilisées à des fins de publicité politique pour Donald Trump.

Google et Facebook, des menaces pour les droits de l'homme ?

Jimmy Wales n’est pas le seul à tirer la sonnette d’alarme sur les dangers que font peser ces réseaux sur la démocratie, dans un rapport publié en novembre 2019, Amnesty International dénonce le modèle économique « fondé sur la surveillance » de Google et Facebook, le qualifiant de « menace systémique pour les droits de l'homme », comme le relate Le Point. Dans ce rapport, L'ONG appelle les gouvernements à « agir de toute urgence »

Pour accélérer le mouvement viral qui attise le web avec ce nouveau réseau, le fondateur de Wikipédia vient de déclarer que le code de WT.Social est désormais en open source. Déclaration néanmoins faite sur Twitter.

Ecrit par

Philippe Gerard

Manager chez Cegos, Philippe Gerard pilote les formations au Digital et mène des projets de transformation digitale.Il a également co-écrit "La boîte à outils de la Communication" aux éditions Dunod.
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